Saison 1 | Épisode 10

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Carnet de campagne 4 : comment gagner des électeurs en 3 étapes

Aujourd’hui, j’ai décidé de mettre en pratique une stratégie de campagne politique que j’ai élaborée pendant que j’étais cloitré chez moi à cause des grèves de transport. Et puisque le poulpe estime qu’il n’est pas nécessaire de répondre à mon mail, j’ai pensé qu’il était opportun d’utiliser son amphithéâtre comme terrain d’étude.

Dans l’objectif de gagner les élections municipales parisiennes, il est absolument primordial que je rassemble autant de sympathisants que possible. La méthode que j’ai appliquée ce matin repose sur 3 étapes.

ÉTAPE 1 : OBTENIR
L’ATTENTION DE
MES INTERLOCUTEURS
Panda roux photo profil debout
Panda roux photo face
Big Penguin à la ménagerie
Tout d’abord, il faut éveiller l’intérêt chez les électeurs, et je dirais même, les séduire. À cette fin, il je vais devoir ruser. L’autre jour, j’ai vu sur Twitter qu’un candidat aux municipales avait trouvé une « carotte » pour attirer l’attention sur lui. En pleine grève il a proposé des tracts avec un QR code qui donnait des réductions sur les taxis. Je trouve la stratégie intéressante, mais une fois de plus, le poulpe a émis des réserves sur cette pratique. J’opterai donc pour une autre solution en retournant la faiblesse humaine pour les apparences contre ces derniers : je vais choisir une mascotte qui va séduire leurs cœurs.

J’ai préparé le terrain en arrivant un peu en avance à la Sorbonne et en chargeant mes compagnons pingouins de déposer des tracts sur les bancs de la fac. On y a laissé des « Votez Big Penguin », des images de Kangourous carbonisés dans les forêts australiennes actuellement en feu et des photos du panda roux tout mignon du jardin des plantes.

Pendant ce temps j’ai discuté un peu avec des étudiants. Il y a consensus sur le fait que cette photo de Kangourou carbonisé est horrible et que le panda roux est très mignon. Indignation aussi que cet animal très mignon soit menacé lui aussi de disparition. En revanche, il n’y a pas de consensus sur le fait que les Hommes soient responsables en quoi que ce soit de ces feux de forêts, le réchauffement climatique n’est pas un paramètre nécessairement relié à ces événements. Des feux de forêt en Australie, il y en a toujours eu.

Néanmoins, la première phase me semble plutôt réussie : faire appel aux sentiments. L’indignation était là.

Petite anecdote amusante, on m’a raconté que quelques semaines plus tôt, un tag avait été découvert sur le mur de la Sorbonne, affichant « Défense de taguer ». Je me suis demandé si mon humain avait eu le cran de faire ça.
ÉTAPE 2 : DIVISER
POUR MIEUX RÉGNER

Comme la première étape l’a montrée, il n’y a pas de consensus sur le fait que les humains détiennent une part de responsabilité dans les souffrances et décès du monde animal. On dispose ici d’un point de départ pour générer un conflit. Il ne manque plus que l’opportunité de lancer l’étincelle pour démarrer le feu.

Ce lundi était un jour d’examen à la Sorbonne. Je me suis donc installé et ai attendu sagement comme les autres étudiants que les sujets soient distribués sur les tables. Et là, quelle surprise ! Sur la feuille était repris le problème que j’avais posé au professeur Poulpi il y a quelques semaines par e-mail sur le financement de ma campagne. Quel culot ! Plutôt que de répondre lui-même à ma question il faisait appel à ses étudiants ?!

Mon but étant de déclencher une émeute, j’ai commencé par poser des questions pour interrompre l’examen et au passage, faire passer ma frustration. Lorsqu’un surveillant s’est approché de moi après que j’aie levé l’aile pour solliciter l’attention, au lieu d’attendre patiemment son arrivée et lui chuchoter mon problème, je me suis écrié de façon à ce que tout le monde m’entende clairement :

Est-ce que dans la première question portant sur le financement des campagnes politiques il est attendu de faire expressément référence aux élections municipales ?

Les membres du personnel se sont échangé rapidement quelques regards gênés avant que l’un d’eux, qui de fait se retrouvait promu au rang de chef de la Défense d’un Examen Paisible, ne réponde d’une voix qui se voulait autoritaire à mon interrogation :

Nous ne pouvons répondre à cette question et vous prions de rester maintenant silencieux jusqu’à la fin de l’épreuve.

Mais vous ne pensez pas qu’il serait opportun de s’appuyer sur des exemples concrets comme le fait le texte à commenter ? Mais en même temps comment rester politiquement neutre dans le choix des exemples ? Parce que je suppose qu’il n’est pas attendu de notre part de rédiger ici un essai politique ?

De nouveaux furtifs coups d’œil gênés, cette fois mêlés d’une pointe d’agacement, ont rapidement été échangés entre les surveillants. Le chef de la Défense d’un Examen Paisible a rétorqué en employant à nouveau un ton qui se voulait impératif mais de façon si peu convaincante, qu’il trahissait en réalité la faiblesse de leur groupe. Sans la présence de leur réel leader, le Professeur Poulpi, la majorité perdait toute contenance :

Encore une fois, nous ne pouvons répondre. Veuillez rester silencieux s’il vous plaît ou nous serons dans l’obligation de vous sortir de la salle…

Mais vous ne trouvez pas que pointer précisément du doigt les méthodes de financement de Big Penguin, le véritable candidat pour l’écologie, alors qu’en ce moment même des Kangourous et des Koalas brûlent en Australie du fait même de l’Homme est totalement mal placé ?

1 partage
= 1 signature

Épaulé par des chargés de Travaux Dirigés qui ne comprenaient pas la gravité de la situation et essayaient vainement de se souvenir à lequel de leurs groupes je pouvais bien appartenir, le personnel administratif démuni était sur le point d’appeler la sécurité. Ils constataient à raison que la situation glissait totalement hors de leur contrôle fragile. Je me suis alors adressé cette fois ostensiblement à l’ensemble de la salle, afin de délier les langues des moins timides qui étaient encore hésitant.

Non, aucun de vous tous, parmi les étudiants n’est choqué ?

La panique se lisant dans les regards effarés de la majorité, l’opposition prenait de la graine. Entre ceux qui étaient d’accord avec moi ou qui trouvaient le prétexte bon pour éviter l’examen et ceux qui justement voulaient que je parte pour pouvoir composer tranquillement, les premières voix commencèrent rapidement à s’élever dans la salle.

Qu’on le sorte ! Ici c’est du sérieux !

– Les manifestations c’est bon pour la rue !

– Taisez-vous, il a raison, on nous manipule !

– S’il vous plaît, l’examen doit s’effectuer dans le silence…

On s’en fiche des financements, ils sont tous pourris de toute façon ! Sauvons la planète !

– Appelez la sécurité !

Très satisfait d’avoir causé des remous je jetais encore par-ci par-là « un peu d’huile sur le feu » afin de créer une véritable insurrection.

Vous voyez, ils veulent m’écarter parce que je montre la vérité ! Personne ne veut la voir ! La vérité c’est que bientôt il n’y aura plus de Kangourous ni de Panda roux. Où sont les dirigeants qui doivent agir dans votre intérêt ? Dans celui de la planète ? Les forêts brûles et vous restez assis sur des bancs en bois à parler d’argent ! Sans arbres, avec quoi allez-vous fabriquer vos billets de banque ?!

Il a raison, on perd notre temps avec ces examens !

Pour inciter encore d’avantage au chaos, certains de mes pingouins infiltrés dans la salle ont lancé des sujets et des brouillons chiffonnés sur des étudiants trop sérieux mais sur le point d’exploser. La « goutte qui a fait déborder le vase » fut le lancer de ballon de baudruche rempli d’eau. Des cris ont aussitôt envahi l’arène, tandis que de la confusion s’élevait un appel : « Votez Big Penguin ! Notre sauveur ! ». Pour parfaire le chaos, des pingouins ont noué des lacets de chaussures ensemble afin que leurs propriétaires s’effondrent au moment de se lever, tandis que moi j’ai profité de la cohue générale pour me rapprocher du tableau où j’ai commencé à taguer en lettres rouges le fameux « défense de taguer » qui avait causé tant de remous il y a quelques semaines. Lorsque le personnel s’est aperçu de mon vandalisme, ils ont essayé de m’attraper pour me sortir de la salle.

Sur le chemin de ma fuite, j’ai piétiné le crâne déjà un peu dégarni d’un chargé de TD désespéré, et confié la bombe de peinture à un sympathisant faisant preuve de force de caractère en lui soufflant quelques consignes « Fini mon œuvre. Rassemble nos troupes. Guette le signal. ». En sortant, j’ai encore pu l’apercevoir en train de finir mon « défense de tag… » malgré les deux membres du personnel déjà sur son dos.

ÉTAPE 3 : UNIR
LES SYMPATHISANTS
À MA CAUSE
Pingouins du monde entier, unissez-vous

Inciter le conflit pour affaiblir les opposants est une technique efficace qui a déjà fait ses preuves par le passé. Mais encore faut-il être en mesure de rallier le plus de sympathisants en aval.

En ce qui me concerne, je leur ai donné une cause simple et commune à eux-tous pour se rallier à moi : sauver la planète. Mais les êtres humains ont besoin de plus que cela. Paradoxalement, ils exigent de leurs dirigeants des actions concrètes, alors qu’ils ont toujours commis les actes les plus fous au nom de considérations très abstraites : un sentiment, une religion, une idéologie. C’est cette dernière que je vais leur donner, en rédigeant mon manifeste politique !

PINGOUINS
DE TOUS LES PAYS,
UNISSEZ VOUS !

Big Penguin a saboté l’examen de fin de semestre des étudiants du Professeur Poulpi. Comment le Professeur va-t-il réagir à cet affront ?

3 réflexions sur “Carnet de campagne 4 : Comment gagner des électeurs en 3 étapes”

  1. Tu es juste jaloux parce que les étudiants me préfèrent : je suis plus beau et plus marrant ! Et puis, ils voient bien que c’est moi qui leur propose de véritables perspectives d’avenir !

  2. Cet engouement pour Big Penguin m’inquiète… Et cela n’a rien avoir avec le fait que j’ai dû réorganiser une autre session d’examen et recruter des nouveaux chargés de TD (après ce fiasco j’ai eu quelques désistements).
    Les étudiants suivent Big Penguin sans se poser les bonnes questions et ils ne se rendent pas compte par qui ils se font véritablement manipuler. Pourtant, cela me semble flagrant que Big Penguin est un fin démagogue.

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Cet épisode a été écrit par

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